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Gaëtan Van Landewyck reprend plume et crayon

Poète, graffeur et dessinateur, Gaëtan Van Landewyck revient à ses premières passions après plus de dix années de ‘mise entre parenthèses’, un détour par les milieux culturel et associatif qui s’avère néanmoins enrichissant et formateur et dans lequel cet autodidacte puise aujourd’hui inspiration et réflexion.

Gaëtan Van Landewyck termine ses études à l’ULB, Bruxelles, en 2004, avec un master en relations internationales, droit et coopération au développement. Devenu papa peu de temps après, il trouve rapidement un travail dans la banque « d’un monde qui change », avant de rejoindre l’ONG CEC qui se consacre à la déconstruction des stéréotypes interculturels par les biais de la littérature, du cinéma, des arts plastiques et création d’expositions. En recherche de nouveaux défis, il devient ensuite formateur et coach pour les enseignants sur des questions de citoyenneté mondiale au sein du programme fédéral “Annoncer la Couleur”. Migrations, développement durable, problématique du genre, aucun sujet n’est exclu. Ce n’est finalement que cette année que Gaëtan décide de reprendre son crayon pour façonner sous son trait des univers, des visages mais aussi une poésie qui stimulent nos imaginaires ou éveillent nos consciences.

 

 

Tu as récemment décidé de prendre une autre orientation. Pourquoi ce choix et quelle est cette nouvelle direction ?

Si l’on se dit de temps à autre que l’on a qu’une “courte” vie, c’est souvent un événement marquant qui permet d’en prendre pleinement la mesure. Mon déclic personnel a été le cancer subi par une personne très proche. Cela m’a profondément impacté et incité à ne plus remettre à demain mes envies, même si celles-ci impliquent nécessairement des craintes ou des doutes. Depuis septembre, j’ai repris activement le dessin pour me lancer dans divers projets.  J’utilise notamment la sérigraphie pour réaliser une série de tote bags et me concentre pour le moment sur la réalisation de portraits en noir et blanc, au stif, porte-mine ou avec un bon vieux bic pour un projet de posters touchant à plusieurs thèmes. Par ailleurs, je vais animer des ateliers artistiques (sérigraphie, collage, pochoirs) pour un projet d’exposition d’une école secondaire à Saint Josse dans le cadre des 70 ans de la déclaration des droits de l’homme.  Cela correspond à mon désir de développer des supports à caractère plus politiques : affiches, illustration d’articles de magazines, etc. Enfin, j’aimerais m’investir dans la conception de fresques publiques ou des commandes privées.

 

 

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

Je les puise principalement dans la culture populaire avec laquelle j’ai grandie, qu’elle soit celle du petit ou du grand écran, du sport ou de certains voyages. Elles reflètent aussi mon amour pour la musique, le Jazz, le mouvement hip-hop, l’humour décalé, les polars ou d’esthétiques particulières, tels que l’Art Nouveau, les années 80, l’artisanat ou le roman graphique.

 

 

 

Quel a été ton développement artistique ? Et que représente l’Art pour toi ?

Mon parcours est plutôt clairsemé et non académique. J’ai toujours dessiné enfant et adolescent, surtout durant les heures de cours ennuyeux… En 1993, j’ai débuté le graffiti, en développant ma technique de lettrages, des compositions collectives, quelques incursions dans le figuratif et bien sûr un book que je conserve comme une précieuse relique. De 2003 à 2016, j’ai quasiment arrêté de peindre et de dessiner, sauf quelques portraits de jazzmen ou une petite fresque ici et là, pour la ville de Bruxelles notamment. Mais j’ai toujours gardé l’envie d’y revenir, de voir ce que ça donnerait si j’y consacrais plus d’attention. C’est donc ma démarche aujourd’hui, sans fixer de plans sur la comète. Il s’agit avant tout de se faire plaisir.

 

 

Quant à l’art, je le perçois comme un rapport concret et vital au monde, une manière personnelle de le décrire et de s’exprimer librement, quelque soit la forme choisie, et par là un moyen d’interpeller l’autre avec sincérité. C’est également une manière d’être ancré dans le présent, plus que jamais nécessaire face au temps consacré à (sous)peser nos actions, nos souhaits, nos regrets, nos espérances… Cela s’apparente parfois à une forme de méditation qui redonne de l’énergie et du souffle, comme ce genre de musique.

Tu écris également depuis plusieurs années. Quel est ton rapport à l’écriture ?

J’écris depuis quatre ans environ, essentiellement des poèmes. C’est une démarche plutôt ponctuelle, brève à chaque fois, mais intense car elle implique un événement, un souvenir ou un sentiment qui s’impose à moi et qui doit se digérer par des mots. Les sujets sont assez épars mais c’est toujours ce même processus d’accouchement, qui passe aussi par le plaisir de jouer avec la langue ou traduire une émotion le plus directement possible.

 

 

S’il m’est important de pouvoir décrire simplement une nuit blanche ou une aventure imaginaire, certaines réalités me poussent vers la poésie. Par exemple, lorsque ma fille, âgée alors de 7 ans, m’a rapporté une moquerie subie à l’école sur sa couleur de peau. Sans moralisme ou démonstration, j’ai senti le besoin d’évoquer cet épisode en le reliant à l’histoire, des faits ou des figures marquantes d’une lutte toujours bien actuelle contre le racisme – voir poème « Chères mélanines« . La situation des personnes migrantes, en particulier celles qui perdent la vie en traversant la Méditerranée ou celles réduites, une fois arrivées en Europe, à des illégaux, des « sans papiers » m’a également inspiré le texte “Les hommes papiers”, mis en chanson par ma compagne, Loumèn.

 

 

Peux-tu nous présenter ta sélection d’œuvres pour Voice Venue ?

J’ai choisi de vous montrer les sérigraphies que m’ont inspiré le Rwanda, pays que j’ai eu la chance de visiter et dont j’apprécie particulièrement la beauté et la richesse culturelle. Ceux-ci sont disponibles en tote bags chez TILT, magasin de design à Ixelles et seront aussi bientôt disponibles en format posters A3. D’autre part, j’ai sélectionné quatre projets de portraits de vilains, tirés du cinéma, car eux aussi ont droit à un peu d’attention, et qu’ils reflètent plein de souvenirs attachants ! Alors voici Anton, Requin et Baron Samedi que je compte bientôt proposer en format poster. Enfin, je produis actuellement une série sur des icônes sportives, dont par exemple ce sacré râleur de John McEnroe. J’y ai pensé bien avant le film actuellement en salle, si si !

 

 

Quels sont tes projets à venir ?

Outre les quelques projets déjà mentionnés, j’envisage une exposition et un recueil qui devraient aboutir d’ici un an, avec des dessins et poèmes en dialogue avec des photos, des textes et des œuvres d’amis, d’artistes dont j’apprécie le travail.  L’événement se terminera par une belle soirée dansante…

ogamiblog.wordpress.com

PHOTOS– VAYA SIGMAS
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