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Les conseils féministes de Chimamanda Adichie

Une lettre manifeste, concrète et nécessaire, pour un monde plus juste à l’égard des deux sexes

Star littéraire du monde anglo-saxon, Chimamanda Ngozi Adichie est en passe d’être reconnue comme telle sur la scène francophone, où son nom est de plus en plus cité. Née en 1977 au Nigéria, elle est propulsée sur la voie du succès international grâce à son troisième roman, Americanah, écoulé à plus de 500.000 exemplaires. En 2014, Beyoncé a repris ses propos féministes dans sa chanson Flawless, et le slogan « We should all be feminists », imprimé sur les T-shirts Dior lors de la Fashion Week 2016 à Paris, est tiré d’une conférence qu’elle a donnée en 2013, vue plus de trois millions de fois sur Youtube ! – le texte a été publié depuis lors aux éditions Folio.

 

En mars 2017, c’est un autre livre « coup de poing » qui sortait chez Gallimard : Chère Ijeawele est une lettre adressée par Adichie à sa meilleure amie, qui lui demande conseil sur la façon d’élever sa petite fille de façon féministe. L’écrivaine répond en quinze suggestions qui sont autant d’occasions de déployer une pensée ancrée dans le réel, appuyée par les nombreux exemples d’inégalité de genre qui pétrissent la société nigériane dont elle est issue. Contexte africain mais situations étrangement universelles ou facilement transposables, qui concernent aussi bien les hommes que les femmes, pour trouver comment vivre en harmonie en sortant des ornières sexistes. Mais comment s’affranchir des normes phallocrates et des pièges qui conditionnent l’éducation des garçons et des filles dès le plus jeune âge – qu’il s’agisse de vêtements, de jouets, de l’injonction faite aux petites filles de se tenir tranquilles et d’être « gentilles » ou encore du diktat visant à discipliner les cheveux des filles pour faire preuve de « netteté » ? Pour l’auteure nigériane, l’égalité des sexes est la pierre angulaire d’un nouveau paradigme de société, y compris (et avant tout) en matière d’éducation. Elle dénonce aussi le féminisme « light » qui emploie le vocabulaire de la permission, sous-entendant que les hommes sont naturellement supérieurs et que les femmes peuvent s’émanciper « à condition que » leur mari les y autorise : « Être féministe c’est comme être enceinte. Tu l’es ou tu ne l’es pas. Tu crois à l’égalité pleine et entière entre les hommes et les femmes ou tu n’y crois pas ».

A lire d’urgence en se délectant de l’ironie douce-amère, de la bienveillance et de l’espoir qui sous-tendent l’ensemble !

 

Aliénor Debrocq

Chimamanda Ngozi Adichie, Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe, Gallimard, 78p., 8,50 euros.

 

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